« Seuls des marins pourraient me dire s’ils partagent la première fascination que j’ai lorsque je déambule sur un grand port ou lorsque je regarde les photographies de Hugues Fontaine. Je m’intéresse quotidiennement aux espaces maîtrisés de la ville ou à ceux de la campagne. A l’intérieur des terres, les échelles de mesure qui déterminent l’installation et la distribution de chaque chose me sont familières. Je connais les règles qui organisent les axes de chaque mode de déplacement et lorsqu’ils sont encore les antichambres de la ville, ouvertes sur la mer, les ports anciens entrent, pour moi, dans la catégorie des espaces réglés par la maîtrise du territoire. Sur les grands ports aujourd’hui, je ne sais plus rien, je perds tous mes repères, je suis sous le charme car l’espace est instruit par la démesure d’un tout autre milieu. Les ports sont sous l’emprise de la logique première des fluides. La mer donne aux bateaux qu’elle porte des dimensions de plus en plus fabuleuses. L’ampleur des mouvements, les marges de manoeuvre que la flottabilité leur impose est si considérable qu’elles dilatent, plus que de raison, la taille des rades et des bassins, la longueur des bords à quai. La contenance des soutes est devenue telle que les cargaisons foisonnent et inondent sporadiquement des quais toujours plus larges…, vides le plus souvent, lorsque les marchandises sont acheminées… »
Michel CORAJOUD, Préface à Portuaires, 1993 (extrait).
Photographies de Hugues Fontaine.
Préface de Michel Corajoud.
32 x 11 cm, relié, Editions AIVP, Le Havre, 1993. Hors-commerce.
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