Il y a trois mille ans, au pied des hautes-terres du Yémen à l’orée du désert, par la seule maîtrise des crues d’orage, de grandes cités naquirent des sables, entourées de palmeraies, de jardins et de vignobles. La plus connue d’entre elles était Marib, capitale d’un royaume sur lequel aurait régné la mythique reine de Saba, ville célèbre aussi pour ses oasis et sa digue, l’une des plus anciennes merveilles hydrauliques de l’Antiquité. Sur les murs d’enceinte, les piliers des temples, les façades des maisons, les rochers ou les pétioles de palme, les Sudarabes gravèrent leurs messages destinés aux dieux et aux hommes, dans une écriture simple et belle comme la naissance du jour.
Photographies de Hugues Fontaine,
textes de Hugues Fontaine et Mounir Arbach
cartes de Hélène David.
Editions le Bec en l’Air, 2006
24 x 31.5 cm à l’italienne, 240 pages, relié avec jaquette, 120 illustrations et photographies, cahier en arabe
ISBN 978-2-916073-15-6. Prix : 49€50
Le pays placé à droite (al-yaman) de La Mecque pour le fidèle tourné vers l’Est, le pays «porteur d’aromates» et l’Arabie heureuse des Grecs n’est pas seulement celui de la mythique reine de Saba, c’est aussi un formidable pays d’écritures. Hugues Fontaine (pour les photographies) et Mounir Arbach (pour le texte et les traductions de textes antiques) dévoilent un aspect trop méconnu du Yémen antique : celui des ruines et des inscriptions. A la splendeur des images (plus de 95 photos couleur somptueuses) s’ajoute l’agrément d’un texte intelligent, clair, bien informé, retraçant pour les non-spécialistes à la fois l’histoire des aromates et celle des quatre royaumes qui se partagèrent le Yémen antique, Main, Saba, Qataban et Hadramaout. Mounir Arbach a su choisir dans la masse considérable des textes sud-arabiques des échantillons caractéristiques, comme les stèles d’Almaqah à Sirwah ou les décrets royaux de Tamna, la capitale de Qataban (du Ve au Ier siècle av. J.-C.), témoignant à la fois des échanges effectués par la ville et du développement insoupçonné du débat public. Partout remparts impressionnants, temples, places publiques, digues rendent compte de la splendeur du passé, et, malheureusement, du pillage bien actuel des trésors du Yémen. On ne résume pas un tel livre, indispensable et passionnant, hors des clichés – sublimes il est vrai – du Yémen plus récent. Une belle invitation à se précipiter avant qu’il ne soit trop tard.
L’Histoire N°23 – Septembre 2007
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